Osons le parall�le (c�est notre force)�: A Trick of the Tail est un peu le Back in Black d'AC/DC dont les fans, en 1980, ne pouvaient imaginer que leur groupe sortirait un excellent album, peu apr�s la mort de Bon SCOTT, LE chanteur rock voyou par excellence et indissociable du son du groupe. M�me topo chez les papes du prog rock en ce d�but 1976�: Peter GABRIEL �tant parti, comment se relever�? Le secret se trouve dans l��criture�: Pete n��tait pas le principal compositeur (t�che surtout men�e par BANKS et RUTHERFORD pour la musique), tout comme chez AC/DC o� les fr�res YOUNG troussaient ces riffs imparables. GENESIS conservant son ossature musicale, et le nouveau chanteur qui n�est autre que Qui-Vous-Savez ayant une voix pas si �loign�e de celle du d�missionnaire, la maison tient bien sur ses fondations. Elle tient tellement bien qu�on peut parler, donc, d�un album formidable. Les morceaux ne s��tirent pas mais laissent le temps aux digressions propres au genre (du rock qui raconte des histoires)�: entre 5 et 8 minutes. Bourr� d�instants musicaux bluffants, d�une qualit� d�enregistrement irr�prochable (peut-�tre le meilleur du groupe sur ce plan�?), le disque fait des �tincelles � chaque �coute. En fait, A Trick of the Tail est un parfait medley de GENESIS. Comme un best-of de ses talents. On y trouve tout ce qui constitue le magn�tisme du groupe�: solos instrumentaux et dialogues virtuoses ("Robbery, Assault and Battery", comme un �cho � "The Cage" sur The Lamb�), ambiances m�di�vales de contes ("Dance on a Volcano", intro mythique�!), ballade o� les 12-cordes s�entrem�lent magnifiquement ("Entangled"), �voquant le "Cinema Show" de Selling England..., avant que les claviers s�y superposent pour nous emmener dans des contr�es lointaines et oniriques. Les claviers de BANKS, justement, sont toujours aussi parfaits, au piano comme sur les synth�s ou le mellotron dont il extrait des timbres typiques et des phrases qui constituent, avec la guitare de HACKETT, le son-maison. A "Entangled", on peut encore pr�f�rer "Ripples� " et ses huit minutes d�une m�lodie majestueuse et addictive (mais qui annonce, quelque part, leur future tendance au sirop ti�de). "Squonk" au mid-tempo bien lourd ramasse �galement tout ce qu�on aime chez GENESIS�: batterie hallucinante, accords sublim�s par des guitares et claviers denses, changements de rythme parfaitement assimil�s � la phrase d�ensemble. Ils en feront l'ouverture magistrale du live Seconds Out. La conclusion de "Los Endos" est une id�e qu�ils r�it�reront sur Duke�: reprendre en instrumental la plupart des th�mes de l�album et les faire tenir en un seul morceau. C�est �poustouflant, et fait encore davantage prendre conscience de la richesse m�lodique de chacun d�entre eux. Ce disque est grand, moins que son pr�d�cesseur certes, mais comment l��galer�? Plus accessible que les premiers, sans pour autant sombrer dans la facilit� et la guimauve dans lesquelles le groupe va s�engluer par la suite. Il tutoie un �quilibre rare. Notons pourtant que Gabriel manque. Collins chante bien (ils en ont auditionn� 400 avant de se rabattre sur leur tambourine man, c�est qu�il doit avoir un brin de talent�), mais son timbre est moins riche, moins vari�, moins �mouvant. On ne peut que r�ver en imaginant un Trick of the Tail avec Pete Gab� au micro.
